Phytochimie pour l’harmonie du foie

Loupe sur le foie humain pour le garder en harmonie

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En ce moment, on voit les journées qui s’allongent et la neige qui fond petit à petit. Bien sûr, il peut y avoir encore quelques tempêtes de neige à venir, mais on ressent clairement que le printemps pointe le bout de son nez. Perso, je commence à ressentir une petite excitation, cette envie de légèreté et de me sentir bien dans mon corps. Faut dire que pendant l’hiver, j’ai mangé plus copieux et bougé moins. Maintenant, mon radar interne me dit qu’il est temps de changer de mode.

Pour beaucoup d’entre nous qui résident en zone nordique, les fruits et légumes au supermarché ne sont pas super sexy en cette saison. Après plusieurs mois à se nourrir de ces aliments un peu dévitalisés, il n’est pas rare de rencontrer des problèmes de digestion, une sensation de lourdeur, de la fatigue, des maux de tête, voire même des problèmes de peau. Le foie joue un rôle clé dans tout ça, le saviez-vous ? Alors peut-être mériterait-il un peu de notre attention. 🤔

On entend souvent parler de produits naturels et de plantes pour le foie, mais au fond, quels sont les besoins de notre foie pour bien fonctionner ? J’ai donc pensé faire un petit tour d’horizon sur la phytochimie qui favorise l’harmonie du foie.

Aliments bénéfiques pour le foie : chou kale, citron, concombre, betterave, pomme.

Clin d’oeil sur les rôles du foie

Le foie est un organe vital de notre corps, il est impliqué dans plusieurs centaines de fonctions qui nous maintiennent en vie. Comme une grosse usine chimique, il crée de nouvelles substances, détruit celles qui sont nocives et entrepose celles qui sont nécessaires à notre survie.

Principaux rôles du foie

Production de la bile qui permet de digérer les lipides.
Synthèse de protéines impliquées dans le transport de substances dans le plasma sanguin.
Fabrication et dégradation du cholestérol qui sert à faire les hormones, la vitamine D et les membranes des cellules.
Stockage et libération du glucose qui fournit de l’énergie.
Stockage des vitamines liposolubles A, D, E, K, de la vitamine B12 et du fer et du cuivre.
Activation et désactivation des hormones sexuelles, thyroïdiennes et du cortisol.
Destruction de composés endogènes en excès (proviennent des activités internes du corps).
Destruction des substances toxiques en tout genre et des médicaments.

Le foie reçoit à la fois le sang provenant du système digestif et celui venant du cœur.

Cela veut dire que notre foie traite toutes sortes de substances provenant aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur de notre corps.

Avec toutes les tâches qu’il doit accomplir dans une journée, il faut reconnaître que le foie est un spécialiste incroyablement compétent pour sélectionner ce qui doit être conservé et ce qui doit être éliminé ! 😲

Les phases de détoxication du foie

Quand on parle de la destruction des substances, le foie suit un processus en deux phases.

Grosso-modo, la phase 1 se charge de décomposer les composés, tandis que la phase 2 les transforme en nouvelles substances plus faciles à éliminer.

La phase 1 pour détruire 🔥

Dans la phase 1, certaines enzymes interviennent pour décomposer les substances. Je vais vous épargner plusieurs détails très complexes sur le fonctionnement de ces enzymes. Disons simplement qu’elles effectuent des réactions biochimiques pour découper les molécules en morceaux, dans le but de les recycler ou de les détruire.

L’essentiel à retenir est que ce processus nécessite des ingrédients pour se faire adéquatement. De plus, omme certaines réactions chimiques sont oxydantes, cela libère naturellement des radicaux libres. Ainsi, une réserve d’antioxydants est nécessaire pour éviter que ce processus n’endommage nos tissus.

En résumé, on peut comparer la phase 1 à une fournaise de combustion : le feu doit brûler suffisamment pour éliminer les déchets, mais il doit également y avoir une protection adéquate pour éviter que les murs de la maison brûlent.

Phytochimie essentielle pour la phase 1

🔸Vitamines B : riboflavine (B2), niacine (B3), pyridoxine (B6), acide folique (B9), cobalamine (B12)
🔸Vitamine C
🔸Vitamine D
🔸Minéraux : magnésium, zinc, cuivre
🔸Glutathion
🔸Acides aminés : leucine, isoleucine, valine
🔸Plusieurs types de flavonoïdes et d’antioxydants

Après la phase 1

Après que les substances ont traversé la phase 1, certaines sont :

  1. Conservées pour être recyclées : le foie pourra les réutiliser au besoin.
  2. Éliminées : si la substance est suffisament hydrosoluble (solubles dans l’eau), elle passera dans le système sanguin pour être éliminée via l’urine.
  3. Passent en phase 2.

Certaines substances ne peuvent pas être éliminées après la phase 1 parce qu’elles ne sont pas suffisament hydrophiles (solubles dans l’eau) pour être transportées dans le sang. Elles doivent donc subir une transformation additionnelle pour être éliminées. Parmi celles-ci, certaines sont très toxiques et peuvent même causer des dommages irréparables aux tissus du foie.

Dans ces deux cas de figure, la phase 2 est alors absolument essentielle pour rendre ces substances plus solubles et faciliter ainsi leur élimination.

La phase 2 pour éliminer 🌊

La phase 2 sert donc à rendre les substances plus stables et plus faciles à transporter. Pour y parvenir, des enzymes vont ajouter des morceaux de molécules, un processus connu sous le nom de conjugaison. Ces nouvelles substances ainsi formées sont généralement plus hydrosolubles, favorisant leur élimination dans l’urine. Certaines sont aussi éliminées avec la bile. Ce processus de conjugaison joue un rôle crucial, car il transforme les substances initiales en composés plus sûrs et plus aptes à être éliminés du corps.

Il existe plusieurs types de conjugaison possibles, en voici quelques exemples : la méthylation, l’acétylation, la sulfation, la glucuronidation, et la glutation.

Certaines substances nécessitent un seul type de conjugaison, tandis que d’autres en nécessitent plusieurs. Pour que tout fonctionne parfaitement, nous devons disposer de tous les ingrédients nécessaires.

Phytochimie essentielle pour la phase 2

🔹Vitamines B : thiamine(B1), riboflavine (B2), niacine (B3), acide pantothénique (B5), pyridoxine (B6), acide folique (B9), cobalamine (B12)
🔹Vitamine C
🔹Minéraux et oligo-éléments: magnésium, zinc, selenium, molybdène
🔹Glutathion
🔹Acides aminés : glycine, cystéine, méthionine, taurine, glutamine
🔹Phospholipides : choline
🔹Composés soufrés
🔹Acides gras essentiels

Si l’un de ces éléments vient à manquer, le foie ne pourra pas compléter son processus de détoxication. Selon notre apport alimentaire, nos habitudes de vie, notre génétique et notre état de santé, on peut rencontrer des défis quant à l’assimilation de certains nutriments. Cela signifie que certaines personnes pourraient rencontrer des difficultés au niveau de certains types de conjugaison nécessaires pour mener à bien la phase 2.

Hypersensibilité et déséquilibres

La phase 1 fontionne de manière indépendante par rapport à la phase 2, elle poursuit son activité en continu. Si la phase 2 ne parvient pas à suivre le rythme, il peut y avoir une accumulation de substances indésirables. Il arrive même que certaines substances toxiques, comme des radicaux libres, s’échappent et causent des dommages ailleurs dans le corps. Cela peut être ressenti sous forme de douleurs et d’inconforts très divers, parfois jusqu’à rendre la personne hypersensible.

Dans certains cas, il est même utile de réduire la vitesse de décomposition de la phase 1 pour permettre à la phase 2 de s’effectuer de manière adéquate. D’ailleurs, si on utilise des aliments ou des plantes qui font accélérer la phase 1 sans tenir compte des éléments requis pour la phase 2, on peut se retrouver avec une amplification des symptômes. Lorsque cette situation se produit, il arrive que l’on observe des poussées d’acné ou d’eczéma, des maux de tête ou des douleurs articulaires.

Mais attention !

Les aliments et les plantes qui influencent significativement les phases de détoxication du foie, notamment la phase 1, peuvent interférer avec un traitement médical. Vous pourriez alors constater une diminution de l’efficacité de votre médicament, ou à l’inverse, un surdosage. Je vous invite donc à consulter un professionnel de la santé pour valider les interférences possibles avec votre médication, si vous en prenez.
Dans tous les cas, vous pouvez appliquer les conseils concernant la réduction des irritants, cela est un pas important pour aider votre foie.

Favoriser l’harmonie du foie

En soutenant le système de détoxification en lui fournissant les ingrédients nécessaires à son bon fonctionnement, on fait appel à son intelligence naturelle. On peut ainsi favoriser l’harmonie du foie !

Dans cet article, je vous présente des aliments et des plantes nutritifs qui peuvent aider. Malgré tout, il faut parfois effectuer plusieurs expérimentations personnelles pour trouver des solutions adaptées à notre situation !!!

Réduire les irritants

La première chose à faire pour faciliter le travail du foie est de réduire les substances dont il doit s’occuper. Alors, on diminue notre exposition aux toxines environnementales autant que possible en privilégiant les aliments biologiques lorsqu’ils sont disponibles. On évite également les parfums, les plastiques et autres substances synthétiques, car ils pénètrent dans le système sanguin par les poumons ou la peau et doivent passer par le foie pour être évacués.

Les métaux lourds et les polluants environnementaux peuvent rendre nos enzymes dysfonctionnelles !

On réduit autant que possible les irritants tels que les boissons alcoolisées, les fritures, les charcuteries, les chips, les fromages, les aliments gras et sucrés et ceux que l’on tolère mal.

Combler les carences

Il peut être avantageux de prendre des suppléments pour s’assurer de combler nos besoins nutritionnels. À ce sujet, je recommande toujours des multivitamines préparées à partir d’aliments, ce qui les rend plus facilement assimilables par le corps. (Ex. New Chapter, MegaFood, Natural Factors).

Aliments pour l’harmonie du foie

Bien sûr, il est essentiel d’avoir un apport suffisant en acides aminés et acides gras essentiels. Ceux-ci sont impliqués dans plusieurs voies métaboliques qui assurent un bon fonctionnement au niveau du foie. On retrouve ces éléments en abondance dans les noix, les graines, les légumineuses, les viandes et les poissons.

Beaucoup de couleurs !

Pour bénéficier d’une palette diversifiée d’antioxydants et de flavonoïdes, il est crucial de manger plusieurs fruits et légumes quotidiennement. La diversité de couleurs présentes dans notre assiette garantit une variété d’antioxydants. Ex. betterave, carotte, tous les petits fruits (bleuets, fraises, framboises), agrumes.

Le vert est important !

Les légumes à feuilles vertes sont riches en acide folique (vitamine B9), carotènes, vitamine C, magnésium, calcium et fer. En plus des nutriments, ils amènent une certaine amertume qui augmente la sécrétion de sucs digestifs, améliorant l’assimilation intestinale. Ex. laitue romaine, radicchio, chou kale, cresson, roquette. À cette liste, on peut également ajouter ces 3 Herbes culinaires qui font une différence. Sans oublier que la chlorophylle aide à capter les toxines dans l’intestin.

Les racines source de prébiotiques !

Les légumes riches en inuline, un prébiotique pour la santé intestinale, favoriseront la prolifération des bonnes bactéries dans l’intestin. Une flore intestinale favorable améliore l’absorption des minéraux et la synthèse des vitamines B. De plus, les bonnes bactéries empêchent l’établissement de bactéries nuisibles et la sécrétion de toxines pouvant pénétrer dans le système sanguin, ce qui réduit le travail du foie. Ex. pissenlit, ail, salsifis, chicorée, topinambour, poireau, artichaut, oignons, bardane.

Sources de soufre !

Les aliments de la famille des Brassicacées, tels que le chou kale, le chou pommé, le brocoli, le chou-fleur, le navet, le chou-rave, le rutabaga, le cresson, le radis, la roquette, la moutarde et le raifort, contiennent des substances soufrées qui favorisent la production de glutathion et plusieurs types de conjugaison de la phase 2. Les molécules actives sont des glucosinolates : glucoraphanine, glucobrassicine, sulphoraphane, indole-3-carbinol.

Plus de détails : Les glucosinolates des choux pour le foie.

Les aliments de la famille des Alliacées, tels que l’ail, l’oignon, le poireau, l’échalote et la ciboulette, sont également riches en composés soufrés. Ils contribuent également à la phase 2 de détoxication et à la production de glutathion. Les principes actifs impliqués sont l’allicine, la glutamyl-allylcystéine, l’allylcystéine et l’ajoène.

Aliments bénéfiques pour le foie : gingembre, citron, curcuma, carottes.

Plantes médicinales pour l’harmonie du foie

J’ai déjà mentionné quelques plantes médicinales dans le paragraphe précédent, car il est parfois impossible de tracer une ligne nette entre les aliments et les plantes médicinales. Mais voici d’autres plantes qui pourraient aider l’harmonie du foie par leur apport nutritif et/ou qui favorise la phase 2 de détoxification.

Le curcuma

Les curcuminoïdes du curcuma ont des effets bénéfiques autant sur la phase 1 que sur la phase 2 de détoxification du foie. Ils favorisent le glutathion. Des preuves cliniques démontrent les effets préventifs et même curatifs pour plusieurs types de problématiques liées au foie. Cependant, il faut un apport suffisant et une assimilation adéquate pour obtenir des résultats mesurables.

Le curcuma cette épice exceptionnelle.

Le chardon-marie

La silymarine et ses dérivés activent certaines enzymes de la phase 1 tout en inhibant d’autres. Les composants actifs du chardon-marie facilitent plusieurs voies de la phase 2 et le glutathion. Des preuves cliniques démontrent que le chardon-marie améliore l’état du foie de manière préventive et curative. Cependant, la silymarine n’est pas facilement assimilée en raison de sa faible solubilité dans l’eau (article à venir).

Le gingembre

Les gingérols et shogaols du gingembre favorisent certaines voies de conjugaison de la phase 2 de détoxification, contribuant ainsi au fonctionnement du foie. Une étude clinique a indiqué que la prise d’un supplément de gingembre avait réduit plusieurs indicateurs inflammatoires et la résistance à l’insuline chez des personnes atteintes de stéatose hépatique. Tout comme le curcuma et le chardon-marie, les principes actifs du gingembre ne sont pas solubles dans l’eau, il faut donc user de stratégie pour en profiter (autre article à venir).

L’ortie

Cela peut vous surprendre, car l’ortie n’est pas du tout reconnue pour avoir un effet sur le foie. Mais si on y regarde de plus près, ses feuilles contiennent une grande variété de minéraux, de la chlorophylle et tous les acides aminés essentiels. Ainsi, sa phytochimie apporte plusieurs éléments pour favoriser l’harmonie du foie. Pour en retirer les meilleurs bénéfices, consultez mon article sur la Phytochimie de l’ortie.

Plusieurs autres plantes médicinales pourraient s’ajouter à cette liste… je vous les ferai découvrir dans mes prochains articles. 🤗

Avez-vous déjà observé 👁‍🗨 une augmentation de vos symptômes lors d’une cure de détoxification du foie ❓

Décrivez-moi 📝 votre expérience dans les commentaires ci-dessous 🔽 !!!

Crédit photos: Pixabay et Unsplash.

Références

Le manuel Merck. Foie.

La Société canadienne du cancer. Le foie.

M. Sypien, MD. Liver detoxification. Integrative Family Practice, IL. 2017.

Rhyu J, Yu R. Newly discovered endocrine functions of the liver. World J Hepatol. 2021 Nov 27;13(11):1611-1628.

Anwar-Mohamed A et coll. Regulation of CYP1A1 by heavy metals and consequences for drug metabolism. Expert Opin Drug Metab Toxicol., 5(5), 2009.

Hesham M. Korashy et coll. Regulatory Mechanisms Modulating the Expression of Cytochrome P450 1A1 Gene by Heavy MetalsToxicological Sciences, 88 (1), 2005.

Quirante-Moya S. et coll. The Role of Brassica Bioactives on Human Health: Are We Studying It the Right Way? Molecules, 25(7), 2020.

Farzaei MH et coll. Curcumin in Liver Diseases: A Systematic Review of the Cellular Mechanisms of Oxidative Stress and Clinical Perspective. Nutrients, 10(7), 2018.

Gillessen A, Schmidt HH. Silymarin as Supportive Treatment in Liver Diseases: A Narrative Review. Adv Ther., 37(4), 2020.

Sahebkar A. Potential efficacy of ginger as a natural supplement for nonalcoholic fatty liver disease. World J Gastroenterol.,17(2), 2011.

13 thoughts on “Phytochimie pour l’harmonie du foie

  1. J’ai un foie qui me dit très vite quand ça ne va pas. Alors ces conseils sont très précieux, merci car j’en ai actuellement besoin 😉

  2. Merci pour cet article super instructif sur la phytochimie et comment elle peut aider à maintenir l’harmonie du foie. Tes explications détaillées et les conseils pratiques sont vraiment bien. C’est génial d’avoir accès à des informations aussi importanteset faciles à comprendre. Bravo pour ton travail formidable !

  3. Une lecture top pour pour moi qui adore les sujet sur la la santé ! mais aussi super pour toute personne désireuse de prendre soin de son foie de manière naturelle et efficace.

  4. Merci beaucoup Melanie pour cet article. Tes explications m’ont permis de mieux comprendre les mécanismes et j’apprécie les trucs alimentaires que je pourrai appliquer.

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