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Comment extraire les plantes médicinales

Extraction des plantes médicinales

Au cœur des plantes médicinales se trouvent de multiples molécules aux vertus thérapeutiques. Pour se soigner, on cherche à extraire ses trésors enfouis au sein des racines, des feuilles et des fleurs. Les médecines traditionnelles ont toujours préparé des extraits de plantes et continuent à le faire. Cette quête d’extraction n’est donc pas nouvelle, elle remonte à plusieurs milliers d’années.

Dans plusieurs traditions à travers le monde, l’eau est le solvant de prédilection. D’ailleurs, on la considère comme un solvant universel et j’ai écrit un article sur le sujet (L’eau comme solvant universel). Cependant, l’eau n’est pas le seul solvant utilisé ; il y a également l’alcool, le vinaigre, le miel, l’huile végétale et le gras animal. Plus récemment, la glycérine a également trouvé sa place parmi les solvants utilisés.

Mais comment faire son choix parmi tous ces solvants ? Sauriez-vous lequel utiliser pour mieux extraire le pissenlit, l’ail ou le romarin ? Ces interrogations sont fréquentes parmi les amateurs de plantes médicinales, je les ai entendus souvent lorsque j’étais tutrice dans une école d’herboristerie.

Note : dans cet article, je vous parle des extractions artisanales, celles que l’on peut réaliser nous-mêmes et ce, sans équipement spécialisé. J’ai intentionnellement laissé sous silence les techniques plus élaborées ainsi que les autres solvants, car ce sujet pourrait faire l’objet d’une encyclopédie entière !

Qu’est-ce qu’une extraction ?

D’abord, je tiens à clarifier ce que j’entends par extraction, car ce terme englobe différents types de préparations. Ces deux mots ne sont pas synonymes et peuvent porter à confusion. Je donne donc quelques exemples concrets pour que l’on puisse bien se comprendre.

Définition du verbe «Extraire»

Retirer une matière d’un ensemble; séparer une substance d’un mélange ou de son milieu d’origine. Synonymes : extirper, dégager, isoler.

Exemples d’extractions

J’infuse une plante dans l’eau, je filtre et je boie le liquide

Je place la plante hachée dans l’alcool, je filtre et je consomme le liquide

Je place la plante hachée dans le miel, je passe au tamis et je consomme le miel

Je mélange une poudre de plante dans l’huile, je filtre et j’utilise l’huile pour préparer un onguent

Exemples de préparations

Je mélange la plante hachée avec de l’huile et je congèle le tout

J’ajoute une poudre de plante dans un onguent

Comme vous l’avez sûrement remarqué, la grande différence entre les deux termes réside dans l’étape de filtration. À un moment donné dans la préparation, on retire la plante du mélange et on garde le liquide restant. Le liquide, que l’on apellera « solvant » est donc gorgé des principes médicinaux de la plante.

Les avantages de l’extraction

En tout premier lieu, on peut se demander pour quelles raisons on voudrait faire une extraction. Voici donc quelques motifs courants qui nous poussent à extraire les composés de nos plantes médicinales :

Parties coriaces : Certaines parties de plantes sont tellement coriaces qu’il ne serait pas possible de les consommer autrement. Ex. écorces de bouleau, champignons chaga, racines d’astragale.

Plaisir du goût : Une infusion est plus agréable à savourer qu’une plante sèche mâchée. Ex. thé et café. Un solvant sucré peut faciliter la consommation d’une plante amère. Ex. sirop, glycéré, miel.

Meilleure assimilation : La digestion est un processus d’extraction en plusieurs étapes. Mais si les molécules de la plante sont déjà solubilisées, on réduit le besoin en mastication, en salive et en enzymes digestives. Autrement dit, une partie du travail est déjà accomplie avant l’ingestion, facilitant ainsi l’assimilation.

Absorption cutanée : Notre peau est une barrière de protection imperméable. Un intermédiaire est nécessaire pour que les principes actifs puissent la traverser. Ex. huile, alcool, eau.

Conservation : Étant donné que les plantes ont une période de récolte optimale et qu’elles ne sont pas toujours disponibles, on peut souhaiter faire des réserves de nos trésors pour le reste de l’année. Certains extraits peuvent être conservés plus longtemps que les plantes séchées. Ex. teintures, onguents.

Mélanges créatifs : Rien de plus amusant que de concocter des recettes ! Les différentes extractions permettent de préparer des produits avec des textures ou des arômes amusants. Ex. baumes à lèvres, parfums, beurres fondants.

Les désavantages de l’extraction

Malgré tous les avantages mentionnés, l’extraction comporte certains désavantages. En voici quelques uns :

Temps d’attente : L’extraction nécessite un certain temps pour se faire. Une infusion peut se faire en 5 minutes mais une décoction peut prendre plusieurs heures. Et même que certaines extractions nécessitent plusieurs semaines d’attente.

Coûts : Il y a un coût associé au matériel et aux solvants. On peut réaliser des extraits économiques en utilisant du matériel de cuisine. L’eau est un solvant facilement disponible pour la majorité des gens, mais il est essentiel d’avoir une bonne qualité d’eau. En revanche, certains solvants sont dispendieux.

Sélection des molécules : Les solvants ne peuvent extraire qu’une partie des molécules contenues dans la plante. Cela signifie nécessairement que certaines molécules seront absentes des extraits obtenus.

D’ailleurs, c’est précisément pour ce dernier point que le choix du solvant revêt une grande importance. Ainsi, nous cherchons à extraire de manière efficace les molécules qui nous intéressent sur le plan thérapeutique afin d’obtenir les effets recherchés.

Les plantes sont vivantes !

Les plantes médicinales ne sont pas seulement des réservoirs de principes actifs, mais des êtres vivants très complexes. Je serais donc dans l’erreur si je vous disais qu’il n’existe qu’une seule manière d’extraire les principes actifs d’une plante pour qu’elle soit efficace. Mon intention est plutôt de comparer les solvants d’extraction entre eux et d’expliquer les phénomènes physico-chimiques impliqués, afin que vous puissiez faire des choix éclairés.
Gardez toujours à l’esprit que plusieurs méthodes de préparation de la plante conviennent pour obtenir des résultats thérapeutiques.

Solvants utilisés pour extraire les plantes médicinales

Les solvants que j’évoque ici sont parfaitement comestibles et accessibles à la plupart des individus.

Extraire dans l’eau

L’eau est le solvant le plus couramment utilisé en raison de son accès facile et de son coût abordable. Souvent qualifié de solvant universel, il présente des avantages uniques par rapport aux autres solvants. Le point crucial est que notre corps, tout comme les plantes, est en grande partie composé d’eau (environ 65%). Ainsi, l’eau est le moyen privilégié de transporter les éléments nutritifs essentiels pour soutenir nos processus vitaux.

L’eau fonctionne comme un aimant, attirant les molécules polaires, c’est-à-dire celles qui possèdent également des propriétés magnétiques.

En revanche, les préparations à base d’eau ne sont pas durables. L’eau favorise la vie, ce qui englobe à la fois les microorganismes bénéfiques et les indésirables.

Extraire dans l’alcool

L’alcool utilisé pour préparer des produits destinés à la consommation est toujours de l’éthanol, obtenu par la fermentation des sucres présents dans des aliments tels que les fruits et les grains. Il peut être élaboré artisanalement ou dans une grande distillerie, offrant une variété de produits tels que l’eau-de-vie, la vodka, le gin, le rhum, le vin, le cidre et la bière. Dans les pays industrialisés, la fabrication de l’éthanol est réglementée par plusieurs lois, et les taxes en font un produit assez coûteux.

L’éthanol agit comme un aimant, similaire à l’eau, mais attire une gamme différente de molécules. Ex. huiles essentielles. Le pourcentage d’alcool exerce une grande influence sur le type de molécules extraites.

Utilisé depuis longtemps dans la préparation de produits de phytothérapie, notamment les teintures ou teintures-mères, l’éthanol est le conservateur naturel le plus fréquemment utilisé. L’alcool pénètre rapidement les tissus, facilitant ainsi une assimilation rapide des principes actifs.

Extraire dans le vinaigre

Les vinaigres résultent du même processus de fermentation que l’éthanol. Les plus courants sont les vinaigres de pommes et de raisins. Il est possible de les produire soi-même sans trop de difficultés. S’ils ne sont pas pasteurisés, ils renferment des enzymes en plus de l’acide acétique, des minéraux et d’autres substances nutritives issues du fruit. Les vinaigres non pasteurisés sont déjà en soi des remèdes médicinaux.

Il y a de nombreuses similitudes entre l’acide acétique et l’éthanol en ce qui concerne les extractions. Toutefois, étant donné que le pourcentage d’acide acétique est un facteur important pour l’efficactié de l’extraction, la plupart des vinaigres se comparent aux vins et aux bières.

L’acidité des vinaigres garantit la conservation de l’extrait, tandis que les enzymes favorisent son assimilation.

Extraire dans les corps gras

Les corps gras sont formés d’acides gras formant de longues chaînes carbonées. Ils sont d’origine végétale ou animale. Les matières grasses végétales sont être extraites de graines et de noix, offrant une grande diversité. Ex. huile d’olive, huile d’amande, huile de noix de coco, beurre de karité. On peut également les obtenir à partir de produits animaux, comme le beurre, le ghee et le suif. Les huiles sont composés d’acides gras insaturés, elles sont fluides. Tandis que les graisses sont composées d’acides gras saturés et sont consistantes.

Les corps gras sont à l’opposé de l’eau en matière d’extraction. Ce qui s’extrait dans l’huile ne s’extrait pas (ou très peu) dans l’eau et vice versa. Les huiles ne sont pas des aimants, elles n’attirent pas les molécules, elles sont neutres et passives. Il est donc nécessaire de leur donner un coup de pouce avec de la chaleur et de l’agitation lorsqu’on effectue des extractions.

Les préparations à base d’huile sont susceptibles de devenir rances et de favoriser la croissance de micro-organismes en présence d’humidité. Parmi les bactéries indésirables, il en est une que l’on cherche particulièrement à éviter, celle qui provoque le botulisme (C. botulinum).

Extraire dans la glycérine

La glycérine, un solvant relativement récent en phytothérapie, a été sélectionnée pour son agréable goût sucré. Dérivée de l’industrie du savon, elle résulte de la réaction de saponification des corps gras. Ainsi, il existe différentes qualités de glycérine, elle peut être de source végétale, animale ou issue du pétrole.

La molécule de glycérine agit comme un aimant, tout comme l’eau et l’éthanol, mais elle présente une affinité particulière pour les saveurs et les tanins.

La glycérine est un alcool, elle permet la conservation des extraits sur le long terme.

Extraire dans le miel

Le miel est un produit de l’abeille, c’est un mélange très complexe. Il se compose principalement de glucides (80%) et d’eau (17%), avec des traces d’acides aminés, de sels minéraux, de vitamines et divers polyphénols. Les substances que l’on trouve sous forme de traces changent son goût, sa couleur et peuvent lui donner des propriétés particulières. C’est un aliment vivant qui a déjà des usages médicinaux lorsqu’employé seul.

Le miel a une affinité pour extraire les résines aromatiques. Ex. conifères, gingembre, poivre.

Les extractions dans le miel sont envisageables, mais il ne faut pas altérer son pH légèrement acide et son taux d’humidité. Ce sont des facteurs essentiels pour assurer sa conservation à long terme. Je tiens à mettre en évidence la possibilité de la présence de spores de C. botulinum (bactérie responsable du botulisme) dans le miel non pasteurisé, une bactérie naturellement présente dans l’environnement.

Comment extraire les plantes médicinales ?

La méthode la plus simple consiste à laisser la plante tremper dans un solvant pendant une période déterminée, après quoi la plante sera retirée et l’extrait conservé pour utilisation. C’est ce qu’on appelle une extraction par macération.

Extraction d'une plante médicinale dans l'alcool

La macération se fait préférablement dans un contenant en verre avec un couvercle en plastique (alimentaire) fermé hermétiquement. On souhaite que notre plante soit complètement immergée dans le solvant, et l’utilisation d’une pesée est recommandée si elle a tendance à flotter.

Voici quelques points à prendre en compte :

  • Les petits morceaux de plantes s’extraient plus efficacement que les plus gros morceaux.
  • L’agitation du mélange améliore l’extraction.
  • L’application de chaleur accélère l’extraction. Cependant, certains principes actifs sont sensibles à la chaleur.

Je pourrais ajouter plusieurs éléments qui seraient spécifiques à la plante et au solvant utilisé. Il y a des particularités lorsqu’on travaille avec des plantes fraîches par rapport aux plantes séchées. On peut utiliser différentes techniques pour réduire la plante en morceaux. On peut utiliser différents outils pour agiter la préparation. Et, on peut utiliser plusieurs sources de chaleur et varier les températures.

Il m’est donc impossible de couvrir tous les cas de figure dans un seul article ! 😉

Conclusion

En résumé, l’extraction des plantes médicinales représente un art ancestral offrant une variété de possibilités. Vous avez eu un tout petit aperçu de la diversité des solvants utilisables, chacun avec ses avantages et ses inconvénients. De l’infusion à la macération dans l’huile, chaque méthode propose des opportunités distinctes pour extraire les bienfaits thérapeutiques des plantes.

Parmi les solvants que j’ai mentionnés, quel est votre préféré et pourquoi ? Partagez votre réponse dans la section «Laisser un commentaire» (situé ici, juste en dessous ).

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