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La phytochimie à quoi ça sert?

Principes actifs extraits de la lavande

On peut dire phytochimie ou encore «chimie des plantes», ce sont deux termes interchangeables mais je préférais le premier parce qu’il s’écrit en un mot…tout simplement!

Le préfixe «phyto» fait référence aux végétaux.

Et le mot «chimie» est la science qui étudie la composition de la matière. Elle met en images des phénomènes qui sont invisibles à l’oeil nu.

Je sais…le terme chimie est souvent associé aux produits chimiques toxiques et on ne les a pas en haute estime. Nombreux causent des dommages à l’environnement et aux êtres vivants alors on veut généralement les éviter!

Mais rassurez-vous, sur ce blogue, je ne vais pas vous parler de produits élaborés en laboratoire (sauf si c’est pour vous dire quoi éviter) mais bien de molécules préparées par la nature, par la plante elle-même. Et on ne va pas tenter de modifier ce qui est naturel, mais plutôt essayer de mieux comprendre ce que les plantes contiennent et comment elles peuvent nous aider.

Principes actifs de la lavande

Qu’est-ce que la phytochimie?

Voici de qu’en disent les dictionnaires:

Étude des processus chimiques qui se produisent dans les plantes.

Dictionnaire Larousse

Branche de la biochimie qui traite de l’étude des substances et des processus chimiques qui sont présents à l’intérieur des végétaux.

Office québécois de la langue française

Chimie végétale, étudiant les substances chimiques pouvant être extraites des plantes.

Dictionnaire Cordial

La phytochimie a pour objet d’étudier les comportements et réactions chimiques des végétaux, mais aussi leur métabolisme. Elle détermine par exemple comment extraire les substances naturelles des plantes.

Dictionnaire L’internaute

La phytochimie, ou chimie des végétaux, est la science qui étudie la structure, le métabolisme et la fonction des composés phytochimiques, c’est-à-dire des substances naturelles issues des plantes, ainsi que les méthodes d’analyse, de purification et d’extraction appliquées à ces substances.

Wikipédia

À quoi sert la phytochimie?

Tout cela semble bien théorique…mais voici 2 raisons pour lesquelles vous aimeriez en savoir un peu plus sur la phytochimie.

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1-La phytochimie permet d’évaluer la toxicité

Je vous donne un exemple concret: l’ortie.

L’ortie dioïque est une plante recouverte de petites aiguilles et les jardiniers le savent: si on s’y frotte, ça pique, ça brûle, ça engourdi….c’est vraiment très désagréable! Certains pourraient penser que l’ortie contient une toxine dangereuse et qu’il ne faut surtout pas la manger crue. Et pourtant…

En étudiant les molécules contenues dans les aiguilles, on constate qu’elles contiennent un mélange de neurotransmetteurs tels que l’acétylcholine, l’histamine, la sérotonine, des leucotriènes ainsi que des acides organiques comme l’acide oxalique, l’acide tartrique et l’acide formique. Les neurotransmetteurs sont déjà présents dans notre corps, ce sont des messagers pour notre système nerveux. Et les acides organiques sont omniprésents dans les aliments que nous mangeons tous les jours, les fruits en sont particulièrement riches. On peut donc conclure que l’ortie ne présente aucune forme de toxicité et qu’elle peut être consommée crue tout comme le serait n’importe quel légume vert!

Phytochimie des feuilles d’ortie

Poils urticants de l'ortie
Poils urticants de l’ortie

Un petit truc: l’effet urticant de l’ortie est désactivé aussitôt que l’on casse les petites aiguilles et qu’elles se vident de leur liquide. Pour la consommer crue, on peut écraser les feuilles entre les doigts ou avec un rouleau à pâte. On peut aussi les broyer au mélangeur ou les tremper dans un liquide.

Dans d’autres cas, ce sera l’inverse. On pourrait s’apercevoir que la plante contient une molécule toxique et alors on voudra réduire les risques pour notre santé. En identifiant la molécule en question, on peut savoir comment éviter de l’extraire et alors ça nous indique quel type de préparation favoriser.

2-La phytochimie permet de choisir le type de préparation à utiliser

Prenons le cas de la thuyone contenue dans le thuya, l’absinthe ou la sauge. La thuyone est une molécule neurotoxique qui peut causer des convulsions et des dommages au système nerveux si elle est consommée en grandes quantités. La thuyone est un monoterpène, une molécule odorante et volatile qui se retrouve concentrée dans les huiles essentielles. Elle est très peu soluble dans l’eau. Alors, si on veut réduire sa présence dans une préparation, on pourra utiliser la plante en infusion, ce serait une préparation beaucoup plus sécuritaire que l’utilisation d’une huile essentielle qui aurait multiples précautions d’usage.

Molécule de thuyone

Autre exemple: les feuilles de framboisier sont riches en tanins hydrolysables, des composés phénoliques liés avec des molécules de glucides. Ce sont ses tanins qui sont responsables de l’effet astringent, ils donnent un effet asséchant sur la langue lorsqu’on en boit. On utilise des plantes astringentes pour aider à la cicatrisation des tissus et diminuer les risques d’infections. On utilise le framboisier dans les cas de diarrhées, d’hémorroïdes mais aussi pour resserrer les pores de la peau grasse et lors d’acné.

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En connaissant la structure chimique des tanins hydrolysables, on peut savoir que ce type de molécules se solubilisent préférablement dans l’eau. On choisira donc des préparations comme l’infusion à boire ou appliquée sur la peau pour profiter au mieux de ses bienfaits. Les tanins n’étant pas solubles dans l’huile, il ne serait pas du tout avantageux de préparer une huile avec les feuilles de framboisier.

Tanins hydrolysables
Tanins hydrolysables

La phytochimie est une base essentielle pour toutes les personnes qui désirent transformer les plantes médicinales et en faire des produits thérapeutiques efficaces et sécuritaires!

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Références:

ALFORD, Les. «Urtication for Musculoskeletal Pain ?», Pain Medecine, Vol. 9 (7), 2008, p. 963-965.

FU, Han-Yi et coll. «Why do Nettles Sting ? About Stinging Hairs Looking Simple but Acting Complex», Functional Plant Science and Biotechnology, 1 (1), 2007, p. 46-55.

12 thoughts on “La phytochimie à quoi ça sert?

  1. Merci Mélanie, je vais parfois en Normandie et les paysans nous expliquent le bienfait des orties.
    Je comprends mieux comment ils les prennent sans se piquer.

  2. Merci pour cet article sur un terme qu’on connait peu, même quand on s’intéresse de près aux plantes et à leurs vertus.
    En effet, j’utilise plutôt “chimie des plantes”. Je l’utilise beaucoup au jardin.

  3. Très intéressant ! Comme quoi il ne faut pas faire n’importe quoi avec les plantes, ça ne s’invente pas ! 🙂

  4. Comme d’autres j’apprécie beaucoup que tu nous donnes l’explication ET la méthode concernant les orties. On m’a souvent dit que c’était très bon à manger, comme dans la tarte aux orties, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre pour commencer.
    Et j’adore voir des schémas de molécules à côté de photos de fleurs, c’est rare.

  5. Merci pour cet article formateur et passionnant ! L’amoureux de la langue que je suis a été ravi de voir comment les termes “phyto” et “chimie” se conjuguent pour le meilleur !

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