Premières fleurs jaunes : le tussilage

Fleur de tussilage

Elles percent la terre dès la fonte des neiges, les premières fleurs jaunes : le tussilage. À première vue, on les confondrait avec des pissenlits… mais non, quand on y regarde de plus près, elles n’ont même pas de feuilles !

Le tussilage est réputé pour soigner la toux, les sinusites et l’asthme. Certains choisissent même de le fumer, et d’autres l’utilisent comme substitut de sel. Mais attention, le tussilage contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques, des composés toxiques pour le foie lorsqu’ils sont consommés en trop grande quantité ou sur de longues périodes.

Alors, voici ce qu’il faut savoir sur le tussilage, ses vertus… et ses limites.

Reconnaître le tussilage

Le tussilage est l’un des premiers à fleurir au printemps, avant même que ses feuilles n’apparaissent. Il pousse sur les talus, les sols perturbés, les bords de route, les plate-bandes du jardin.

Le capitule, rempli de petites fleurs jaunes, trône au sommet d’une courte tige, tout près du sol.

Fleur de tussilage

La tige a une teinte rouge, avec ce qui ressemble à des petites écailles qui sont recouvertes d’un duvet blanc.

Fleur de tussilage
Fleur de tussilage

Les feuilles apparaissent après les fleurs. Sur la photo, elles sont encore très jeunes, mais elles deviennent vite très grandes, au point de recouvrir de vastes surfaces. On dit parfois qu’elles ressemblent à des «feuilles de concombre» ! Elles sont de forme de polygones avec des nervures qui partent du pétiole. Le revers des feuilles est couvert d’un duvet blanc et doux. Les feuilles poussent en rosette à partir d’un rhizome.

Feuilles de tussilage
Feuilles de tussilage

Récolte du tussilage

Fleurs de tussilage

On cueille les bourgeons et les fleurs tout juste ouvertes, surtout si l’on souhaite les faire sécher. Sinon, en séchant, on se retrouve avec plein de petits plumeaux blancs dans le déshydrateur !

Les fleurs ont une saveur douce et légèrement sucrée. Leur texture tendre les rend agréables à manger.

❗ Le hic, c’est que ce sont les bourgeons de fleurs qui renferment la plus grande quantité d’alcaloïdes ❗😏

Feuilles de tussilage

Les feuilles se récoltent tout au long de l’été. On privilégie celles qui sont les plus belles et en bon état. Il semble que la teneur en alcaloïdes diminue avec le temps. Je vous recommande donc de cueillir les plus grandes feuilles.

On fait sécher les feuilles dans un endroit bien ventilé, à l’abri du soleil, jusqu’à ce qu’elles deviennent bien craquantes.

Utilisations médicinales du tussilage

Le tussilage est surtout consommé sous forme d’infusion ou de sirop.

Les feuilles de tussilage sont plus couramment utilisées que les fleurs.

Elles entrent principalement dans les mélanges pour dégager les voies respiratoires. Dans les cas d’infections comme les bronchites, laryngites et sinusites. Mais aussi dans les cas d’asthme et d’allergies. Le tussilage aide à soulager la toux sèche avec des spasmes et à éliminer le mucus épais et collant.

On le mélange très souvent avec la mauve, la guimauve, la molène, le marrube, l’aunée ou le plantain.

Autres usages

Le tussilage peut être utilisé pour accélérer la guérison des plaies, des fractures et des entorses. Dans ces cas, on applique la plante sur la peau. Certains en font des huiles et des onguents.

Les feuilles de tussilage peuvent être fumées comme du tabac. Traditionnellement, on les utilisait parfois de cette manière pour soulager la toux et l’asthme. Cependant, je ne recommande pas cette pratique aujourd’hui, car il est bien établi que l’inhalation de fumée, quelle qu’elle soit, cause des dommages aux poumons.

Certaines références mentionnent l’usage des feuilles de tussilage comme substitut du sel. Anciennement, parce qu’il pouvait être difficile de se procurer du sel de mer, on faisait brûler certaines plantes pour en récupérer les cendres riches en minéraux (surtout en potassium). Cela a été fait avec diverses plantes comme l’armoise, la salicorne ou certaines fougères. Il est possible que les feuilles de tussilage aient parfois servi de cette manière dans certaines traditions.

Principes actifs du tussilage

Les fleurs et les feuilles de tussilage contiennent des principes actifs similaires mais en proportions différentes.

Le tussilage contient des mucilages adoucissants pour les tissus (entre 6 et 10%), ce qui contribue à son efficacité pour soulager la toux. Il renferme aussi de l’inuline, qui soutient la santé du microbiote intestinal et l’immunité.

Il contient également de l’allantoïne, un très grand réparateur de la peau, os, cartilages et autres tissus. J’ai rédigé un article complet à ce sujet que vous pouvez retrouver ici.

Le tussilage est également riche en acides phénoliques, des composés antioxydants qui participent à la modulation de l’inflammation. Les composés principaux sont l’acide chlorogénique et l’acide caféique, composés très communs dans les plantes en général. On note également la présence de myricétine et kaempférol, des flavonols anti-inflammatoires.

La tussilagone du tussilage agit comme un stimulant respiratoire.

Molécule de tussilagone du Tussilago farfara

Alcaloïdes pyrrolizidiniques

Cependant, le tussilage contient aussi une certaine quantité d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, qui présentent un potentiel toxique pour le foie.

Des analyses montrent que les jeunes fleurs peuvent contenir jusqu’à 150 ppm d’alcaloïdes par capitule de fleurs. Mais la quantité diminue à environ 50 ppm pour les feuilles.

Les alcaloïdes pyrrolizidiniques présents dans le tussilage ne sont pas toxiques en eux-mêmes. Ce sont leurs métabolites (pyrroles) formées sous l’action des enzymes du foie, qui peuvent provoquer des dommages. Ces composés réactifs peuvent entraîner une maladie veino-occlusive, c’est-à-dire l’obstruction progressive des vaisseaux sanguins du foie. À long terme, cela peut provoquer une congestion hépatique et des problèmes irréversibles.

La sensibilité varie d’une personne à l’autre, selon l’état de santé général, le régime alimentaire et même des facteurs génétiques.
Des cas d’intoxication ont été documentés chez des personnes ayant consommé de la consoude — une autre plante contenant les mêmes types d’alcaloïdes.

Quelle quantité est sécuritaire ?

Selon les références réglementaires, on ne devrait pas dépasser 10 microgrammes (µg) d’alcaloïdes pyrrolizidiniques (AP) par jour.

▶ Comme les alcaloïdes pyrrolizidiniques les plus toxiques sont moins solubles dans l’eau que dans l’alcool, il est plus sécuritaire de consommer le tussilage sous forme d’infusion.

En moyenne, une tisane préparée avec des fleurs de tussilage contient environ 1 µg d’AP par gramme de fleurs (soit 1 ppm).

Une infusion typique utilisant 1 à 2 g de fleurs apporte donc environ 1 à 2 µg d’AP par tasse.

J’ai vérifié : 4 capitules de fleurs fraîches équivaut à 1 g.

Infuser 4 capitules de fleurs dans 250 ml d’eau pendant 15 minutes respecte la limite de sécurité. Il serait même possible de consommer 3 à 5 tisanes par jour sans dépasser la dose maximale recommandée.

Précautions

Toutefois, le tussilage ne devrait pas être consommé sur de longues périodes, ni par les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, ou les personnes souffrant de troubles hépatiques. Il est recommandé d’interrompre l’usage après un maximum de 4 semaines.

Références

Kim YK et coll. Tussilagone Inhibits the Inflammatory Response and Improves Survival in CLP-Induced Septic Mice. Int J Mol Sci. 2017.

Bota VB et coll. A Comparative Analysis of the Anatomy, Phenolic Profile, and Antioxidant Capacity of Tussilago farfara L. Vegetative Organs. Plants (Basel), 2022.

BRUNETON, Jean. Pharmacognosie, Phytochimie, Plantes médicinales, 4e édition, Éditions Tec & Doc, Paris, 2009, 1269 p.

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